Le Chocolat littéraire de l’Hiver, deuxième édition du genre, après celui de l’Automne (« Le cacao sous toutes ses formes », pour le centenaire de Jorge Amado), nous a conduits dimanche 17 Février 2013 à la brasserie Le Gambetta de Nice.

Les nombreux participants ont convivialement écouté Filomena Iooss sur le thème de « La Semaine d’Art moderne de 1922 », à São Paulo.

 

                                            Affiche réalisée par Thierry Dardanello

 

Un rappel historique de l’occupation humaine du Brésil, brutalement modifiée depuis le XVI^e siècle par les migrations européennes, africaines, puis asiatiques a permis de comprendre cette recherche identitaire que les Brésiliens du début du XX^e siècle ont effectuée.

L’essor des plantations de café dans la région pauliste dès la fin du XIXe siècle a entraîné un extraordinaire développement des infrastructures et de la population dans cet état, devenu donc la locomotive de la Fédération brésilienne tant au plan économique que politique.

Les manifestations culturelles de la Semaine du 11 au 18 Février 1922, au Théâtre Municipal de São Paulo, intégrées dans les célébrations du centenaire de l’Indépendance politique du Brésil, ont été bouleversées par l’intervention d’un groupe de jeunes intellectuels paulistes qui, en s’insurgeant contre l’académisme en place, ont pour la première fois soulevé la nécessité d’une prise de conscience sur l’identité brésilienne.

Comment construire une société et un art authentiquement nationaux, voilà ce qui a été la préoccupation majeure des écrivains et des artistes post-Semaine de 22.

 

Dans le sillage des tableaux de Tarsila do Amaral, à qui on doit « Abaporu » (« l’homme qui mange les hommes », en langage tupi-guarani), la toile qui a inspiré l’affiche de ce Chocolat littéraire, Oswald d’Andrade, son mari de l’époque, a écrit le Manifeste Anthropophage, où figure sa phrase culte « Tupi or not tupi, that is the question ».

 

 

L’anthropophagie culturelle était née et avec elle l’esthétique de la dévoration. Les cultures africaines et indigènes jusqu’alors anéanties, méprisées ou au mieux romantiquement « valorisées », ont commencé à prendre une place réelle dans la définition d’une culture authentique et spécifique du Brésil, qui passait dorénavant par un idéal de mixophilie.

L’Anthropophagie culturelle devient donc la prise de conscience de la « créolité » du Brésilien et de la « contribution miraculeuse de toutes les erreurs », au détriment des mentalités européennes et européanisées de l’époque, qui prônaient le « pur » au lieu de l’ « impur ».

Tout cela a été savamment détaillé et illustré (projections) par Filomena Iooss, puis discuté par les convives.

 

 

 

Le mythe tupi du rituel anthropophage est alors remplacé par la dégustation bien réelle des chocolats proposés par Sandra Zuppo et Julia, nos partenaires de la chocolaterie Xocoalt :

–          un chocolat noir 62% provenant du Brésil et issu d’un cépage forastero.

–          une ganache noire au chocolat équateur 66%, mélangée à un caramel mou et de la fève de tonka râpée.

–          un praliné à l’ancienne au chocolat au lait 33% de Madagascar

–          un filan au caramel beurre salé et à la cacahuète grillée.

Sandra nous a expliqué les différents goûts en fonction des sensibilités sectorielles de notre langue. Cela nous a permis de mieux apprécier ces quatre qualités de chocolat, excellentes et originales.

 

 

C’est en buvant le chocolat chaud servi par Franck que nous avons clôturé ce moment culturel du 17 Février 2013, date anniversaire de la Semaine de l’Art moderne de 1922.