Un « cave » peut-il flinguer « Les Tontons flingueurs »? Albert Simonin, Georges Lautner, Michel Audiard, Clarence Weff et Cie (1)C’est du brutal !

 

Premier épisode. Peut-on s’attaquer aux icones cultes du ciné français ? A un monument national aussi sacré que la Tour Eiffel, le Mont Saint Michel ou l’équipe de France de football ? Aux célébrissimes Tontons Flingueurs, maintenant quinquagénaires ?  Un Cave peut-il flinguer les Tontons flingueurs ? ça va être brutal.

 

Y en a !

 

On nous dit que lorsque les employés d’une entreprise en open space veulent se détendre — au lieu de faire des mouvements de qi gong ou de tai-chi-chuan comme les employés chinois —, il y a toujours un affranchi qui lance : « J’y trouve un goût de pomme », et tous les collègues enchaînent en chœur sur : « y en a ! » et le stress collectif s’efface … c’est bon pour la productivité ! Enfin un gonze ajoute pour la bonne bouche : « Et vous avez beau dire, y a pas seulement que d’la pomme … Y a aut’ chose … ça s’rait pas des fois d’la betterave ? », afin que toute la troupe d’amateurs puisse conclure par un riff : « Hein … si ! y en a aussi ! » — Toutes mes citations sont notées directement d’après les films ou les romans, ce ne sont pas des recopies de sites web quelconques. Tous les Français propriétaires d’un poste de télévision (le film est multidiffusé, avec de grosses parts d’audience), et tous les amateurs de culture populaire française, ont reconnu les « phrases-cultes » des Tontons flingueurs, le film réalisé par Georges Lautner, dialogué par Michel Audiard et produit (chichement) parla Gaumont en 1963. Je ne raconterai pas le scénario, tout le monde (en France) le connaît.

Hasard objectif ? Georges Lautner disparaît le 22 novembre 2013, à 87 ans — 50 ans après la sortie de Tontons flingueurs, presque jour pour jour (27 novembre 1963). Pour célébrer les cinquante ans du film-culte, les éditeurs mettent en vente pour les fêtes des « caves » une « édition collector » à 120 Euros (je traduits pour les lecteurs hors Europe : 160 Dollars US !). Pour ce prix-là, on a droit à : 2 Blue-Ray et 2 DVD avec le film et des bonus, dont l’excellent documentaire Il était une fois … Les Tontons flingueurs de Gilles Mimouni, Serge July et Marie Genin ; en outre, il y a un CD avec la musique originale du compositeur Michel Magne ; enfin deux livres inédits : une biographie du dialoguiste Michel Audiard par Philippe Durant, et le scénario intégral d’Albert Simonin d’après son propre  roman adapté, Grisbi or not grisbi, paru en « Série Noire » (Gallimard) en 1955. Lautner doit être aussi co-auteur du scénario, mais il n’apparaît pas au générique officiel. Espérons que le roman de Simonin est inclus dans les 608 pages du volume contenant le scénario.

 

 

Remontons aux années 60  

 

Il y a une légende qui circule : s’opposeraient dans ces années soixante, les films de la Nouvelle Vague (supposés beaux, mais « intellectuels », donc ennuyeux) et le cinéma populaire commercial, qui se moquerait de faire de l’art, mais qui, lui, serait divertissant. Et Lautner détesterait les critiques. Tout cela est historiquement en grande partie faux, bien sûr, il suffit de retrouver des documents d’époque — la « critique cinéphilique » a reconnu les bons films de Lautner. Aussi remontons à ces fameuses années soixante où se situe la grande période du cinéaste. Son premier film (La Môme aux boutons) date de 1958 : il est donc strictement synchrone avec la Nouvelle Vague qui démarre ainsi : Le beau Serge de Chabrol en 1958, qui sera suivi par Les quatre cents coups de Truffaut en 1959 et par A bout de souffle de Godard en 1960.

Lautner a inventé (ou, s’il ne l’a pas inventé, il l’a illustré brillamment), non pas la « comédie policière » (genre ancien), mais le film noir burlesque à la française, ce qui est plus original — et peut-être est-ce une invention commune avec des auteurs de polars (donc Albert Simonin) et son dialoguiste, Michel Audiard. Lautner commence à mettre au point son futur genre en 1961 avec Le Monocle noir (production Pathé) où l’humour à froid d’un excellent acteur, Paul Meurisse, fait merveille ; l’acteur, réputé pour son « humour anglais » pince-sans-rire, s’était fait connaître dans un tout autre genre, en partenaire d’Édith Piaf dans Le bel indifférent de Jean Cocteau en 1937. Le scénariste est Jacques Robert (journaliste, romancier à succès et scénariste prolifique) et le dialoguiste en est Pierre Laroche, beaucoup moins connu qu’Audiard, mais qui a collaboré à des scénarios avec Prévert (Les Visiteurs du soir) et travaillé au Canard enchaîné. Le livre adapté (1960, même titre) a pour auteur le « colonel » Rémy, ancien résistant, compagnon de la Libération et ancien agent secret lui-même, et dont les livres étaient de sérieux « romans d’espionnage », pas du tout comique — ce qu’est le film : on y voit même Jacques Dufilho dans son rôle classique de guide touristique burlesque. Politiquement, Rémy devait se situer quelque part entre le gaullisme issu de la résistance et l’extrême-droite catholique traditionnaliste — on verra bientôt pourquoi je commence à parler de politique. Lautner et Meurisse referont deux autres « monocles » en 1962 et 1964, avec une brève apparition clin d’œil dans Les Tontons flingueurs. Mais en 1961, Le Monocle noir anticipait plus sur Les Barbouzes (guerres entre espions, et non rififis entre truands) que sur Les Tontons flingueurs. Si on met à part ces Monocles, les trois meilleurs films de Lautner datent de 1963-1964. 1963 : les si célèbres Tontons flingueurs ; 1964 : les trop méconnus Pissenlits par la Racines (d’après un roman de Clarence Weff dont il faudra reparler) et les toujours très appréciées Barbouzes. Lautner a également fait des films noirs sérieux, réputés, comme La Route de Salina (1969, un des films cultes de Tarentino, paraît-il) ou Les Seins de glace (1974) — mais je n’ai jamais été capable de m’y intéresser, aussi je n’en parlerai pas — pas plus que de ses derniers films avec Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo (à partir de 1974 et 1979).

 

 

Le bal des machos …  

 

Dans cette chronique, nous regarderons le film tel qu’il est — pour la légende, il faut regarder la télé, les boutiques de vente en ligne, Internet, votre journal préféré, etc. Commençons par le générique, que je déroule dans l’ordre : Lino Ventura (l’ancien catcheur professionnel, à l’aise dans les bagarres, a une forte présence dans le rôle de « Fernand ») ; Bernard Blier (le « cocu magnifique » du cinéma français) ; Francis Blanche (un génie, je pèse mes mots, de l’humour noir) ; Claude Rich (un magnifique comédien de théâtre qui, heureusement, a fait du cinéma, avec Jean Renoir, Truffaut, Resnais) ; Pierre Bertin (ce grand acteur de théâtre, Comédie française, et ami de Satie, a daigné faire un peu de cinéma) ; Robert Dalban (grande gueule, idéale pour les seconds rôles) ; Jean Lefebvre (grand pitre de second plan, peu de bons films, hélas) ; Horst Franck (gueule de nazi vicieux comme les aiment les amateurs de clichés) ; puis trois acteurs que je ne connais pratiquement pas : Charles Regnier (qui a tourné chez Bergman), Mac Ronay, Venantino Venantini (italien, doublé) ; et enfin Sabine Sinjen et Jacques Dumesnil (celui-ci en fin d’une très longue carrière).

Sabine Sinjen est une actrice allemande, qui a fait toute sa carrière dans son pays (dans le film elle est doublée par Valérie Lagrange). Le film était une co-production internationale : il fallait une actrice allemande. Elle avait 21 ans, et elle a été choisie à cause de son look d’innocente jeune fille de bonne famille. Quand elle s’adresse à « Tonton Fernand » dont elle ignore le passé de gangster (comme de son père), on peut lui faire dire des niaiseries comme : « Papa m’a dit : Fernand m’a sorti d’un drôle de bain ; il a oublié de me dire quel fleuve c’était ». Bref, c’est une oie blanche. J’espère que mes lecteurs (et mes lectrices) ont compris où je veux en venir … Les actrices françaises se plaignent encore aujourd’hui, et à bon droit, d’être victimes du machisme du théâtre et du cinéma, nationaux et internationaux — les gonzes ne vont quand même laisser les cachets aux gonzesses ! Recomptez ce générique d’entrée (noté directement sur le film, pas sur une filmographie) : douze acteurs et une actrice dans un rôle de jeune idiote qui ne parvient à s’imposer devant son « tonton » que lorsqu’elle montre qu’elle sait faire la cuisine — elle saura donc faire de bons petits plats à son homme !

 

 

Remontons aux années quarante et cinquante …

 

On peut se demander d’où vient ce choix, car il ne vient pas complètement de l’histoire originelle imaginée par le romancier-scénariste Albert Simonin, où il y a un personnage féminin fort, disparu du film, et aucune oie blanche. Disons un mot sur l’auteur (1905-1980), aujourd’hui au purgatoire des écrivains quasi oubliés. Simonin a eu une première carrière de journaliste, avec un épisode collaborationniste pendant la seconde guerre mondiale au « Centre d’action et de documentation » : c’était un organisme de propagande antisémite et antimaçonnique financé par l’Occupant. Il est alors co-auteur, avec Henri Coston (autre militant extrémiste antisémite et bon connaisseur de l’argot), d’une brochure, « Le bourrage de crâne » que le Mémorial de la Shoah résume ainsi : « Brochure antisémite (1943 ?) sous l’occupation en France. Les auteurs s’attaquent ici à la presse d’avant guerre qu’ils qualifient de mensongère, notamment vis-à-vis des Allemands. Ils l’accusent également d’être dirigée par de grandes puissances financières, ainsi que par les juifs et les francs-maçons. » Condamnation à la Libération (comme Coston) — cinq ans de prison — amnistie en 1954. Ces détails biographiques étaient passés sous silence par les meilleurs historiens du polar, mais avec Internet et Wikipédia (qu’il faut toujours vérifier), tout finit par se savoir.

Sur la base de ses expériences, Simonin publie une série de romans policiers dont les plus connus constituent la trilogie du « grisbi », consacrée à « Max-le-Menteur », un truand vieillissant qui a encore du muscle, mais aussi de l’expérience — il réfléchit avant de partir au combat ou de se laisser piéger : Touchez pas au Grisbi (1953), Le Cave se rebiffe (1954), Grisbi or not grisbi (1955). Le premier roman est préfacé par l’écrivain Pierre MacOrlan, un orfèvre : c’est que Simonin raconte des histoires de gangsters bien français, en y introduisant l’argot parisien. Cette trilogie a été publiée initialement en Série Noire (aujourd’hui reprise chez un petit éditeur). Elle a eu un succès phénoménal dans ses adaptations au cinéma. Touchez pas au grisbi est adapté dès 1954 par un grand cinéaste français ; je ne peux pas m’étendre ici sur la carrière de Jacques Becker (parmi ses autres chefs-d’œuvre : Goupi Mains Rouges, Casque d’or, Le Trou), mais il a su donner une élégance à sa mise en scène et une épaisseur humaine à ses héros (joués par Jean Gabin, René Dary, Lino Ventura, Dora Doll, Jeanne Moreau), qu’on ne retrouvera pas chez Lautner. Ce film relance la carrière de Gabin. En 1961, Gilles Grangier adapte Le Cave se rebiffe avec Jean Gabin encore, Bernard Blier et Maurice Biraud. Enfin Grisbi or not Grisbi, c’est le roman qui est devenu Les Tontons flingueurs en 1963.

Tous ces paragraphes — qui débordent de trop de noms, de trop de titres — n’étaient pas prémédités lorsque je me suis attaqué à cette chronique que je croyais brève…  Mais ils montrent que l’industrie française de divertissement des années 50 et 60 était très active dans le domaine du « polar français ». Que l’on compte les romanciers, les scénaristes, les cinéastes et les acteurs ! Je pourrais ajouter bien des noms à cette liste. Ainsi, Gabin en 1955 dans la foulée du Gisbi, joue dans Razzia sur la chnouf de Henri Decoin d’après un roman d’un ancien délinquant, Auguste Le Breton, produit par la Gaumont ; le co-scénariste Maurice Griffe est commun aux deux films. Albert Simonin n’est donc pas seul sur ce créneau des histoires de truands, car je peux aussi citer un ancien repris de justice, José Giovanni, romancier (auteur du Trou, de Jacques Becker) puis cinéaste. Et derrière eux, il y a ces « décideurs » qu’on connaît trop peu : les éditeurs et les producteurs …

 

 

Les « caves », c’est nous, lecteurs, qui venons nous encanailler en lisant

 

Un peu de critique littéraire à propos de ce romancier populaire qui publie en « Série Noire » (collection à la fois très lue par des lecteurs aussi sophistiqués que Jean-Paul Sartre, Jean Giono ou A. J. Greimas, et très méprisée par les boss du milieu littéraire). Albert Simonin écrit donc des livres dans un français non classique. Voici quelques lignes de Touchez pas au Grisbi le roman dont le héros-narrateur est « Max », joué par Gabin dans le film de Becker ; à la suite d’un règlement de compte — « Riton », un copain de Max, est censé avoir suriné « Frédo » avant que celui-ci lui règle son compte —, deux clans de truands se font donc la guerre :

Faut pas croire que ça me faisait sourire, ce tournoi qui se préparait. Avec une escouade de cinglés comme l’équipe du petit Frédo, on pouvait s’attendre au pire. A du tir en rafale, à tout va, histoire simplement de faire monter leur cote, d’éblouir les petits barbiquets de leur coin en annonçant d’un air froid :

— Hier soir on a repassé Max-le-Menteur.

Y a longtemps que j’ai compris la malfaisance de la publicité. J’étais pas bon. Surtout vu le rôle qu’ils me réservaient dans leur scénario !

« Malfaisance de la publicité » ! Albert Simonin a bien compris que le ton truand littéraire mélangeant argot (« barbiquet », « repasser ») et préciosité (« tournoi », « malfaisance »), ça donnait d’excellentes « répliques cultes » — dans le théâtre de boulevard bourgeois, ça s’appelle : des « mots d’auteurs », et les écrivains distingués ont horreur de ça … On trouve dans le roman des formules que Michel Audiard ou Frédéric Dard (l’auteur des célébrissimes « San Antonio » qui commence, il est vrai, dès 1949, et qui a adapté Le Cave se rebiffe pour le théâtre) ont dû retenir : « Qu’est-ce que j’avais commis […] pour mériter des avatars pareil », « Ce devait être une boisson pour intellectuels », « Plus qu’à l’anomalie que représentait cette fille … », « Quand je parle aux hommes, les gonzesses se taisent », « même le brutal lui donnait pas la moindre sensation ».

Un temps, je me suis demandé si Simonin (et les autres auteurs de ce genre) n’avaient pas eu à résoudre un problème similaire à celui de Georges Sand quand elle écrivait autour de 1850 ses chefs-d’œuvre champêtres (La Mare au diable, La petite Fadette, François le Champi). Elle s’inspirait des « contes de la veillée » des chanvreurs berrichons : elle ne pouvait pas conserver la langue de ces conteurs qui était incompréhensible par ses lecteurs parisiens ; mais elle ne pouvait pas non plus la réécrire dans un français classique qui aurait trahi ses amis du Berry. Elle a donc dû inventer une langue intermédiaire, respectueuse de ses sources et permettant l’intercompréhension. En écrivant en argot des truands parisiens, Simonin avait-il un problème littéraire similaire à résoudre ? Je crois plutôt que Simonin vit sur une autre planète idéologique que Sand … Je vais faire un (petit) détour : un des plus grands génies du cinéma, Jean Renoir, à la même époque (1954), tournait French-Cancan, un hommage brillant et nostalgique à un âge d’or du divertissement français dans ce Montmartre de la toute fin du XIXe siècle : on y voyait un duo de voyous (des pickpockets affranchis) faire les poches des riches clients (les caves) qui venaient s’encanailler dans les bistrots des quartiers « chauds » pour y rencontrer ces personnages exotiques dont parlait la presse à sensation (celle que lit « Minne », L’Ingénue libertine de Colette, 1904-1909) : les prostituées, les souteneurs, les apaches, etc.

Pour Simonin, les « caves », c’est nous, lecteurs, qui venons nous encanailler en lisant des romans qui mettent en scène des truands dont on nous fait admirer les trois activités ! J’énumère. D’abord, pomper le fric des caves et des michés, ces clients amateurs de sensations fortes : jeu (roulette, poker) dans leurs casinos clandestins ; prostituées pensionnaires de leurs maisons closes ; boissons fortes, alcool seulement — la drogue est curieusement absente de ces histoires à l’eau de rose ! Ensuite, mener la belle vie : porter de beaux costumes, manger des mets de luxe et boire du champagne ou du whisky canadien — ça coûtait cher —, s’offrir les plus jolies prostituées, rouler en grosses bagnoles à une époque où avoir une petite voiture était déjà un luxe, etc… Enfin, et c’est là l’unique sujet de ces romans (films) : étendre ou défendre leurs territoires — bref, les affranchis ne cessent de s’entretuer pour protéger ou augmenter leur chiffre d’affaire… Car ces petits polars français racontent exactement les mêmes histoires que les grands films de Scorcese ou Coppola sur les mafieux américains : ces gangsters ne s’attaquent jamais à des caves ! Car ce sont eux leurs clients qui, jour après jour, viennent dépenser leur grisbi pour jouer dans leurs casinos, pour payer leurs prostituées, pour consommer leur alcool (en fait, leur opium), ou … pour lire les romans ou voir des films qui mettent en scène les guerres que se mènent les affranchis !

Ce n’est par hasard si le quartier de la butte Montmartre, du Boulevard de Clichy, du Boulevard de Rochechouart, de la place Pigalle et de la place Blanche — où vers 1900 les truands parisiens avaient installé leurs boîtes de nuit, leur tripots clandestins, etc. —, est toujours aujourd’hui un haut lieu du divertissement et de l’attrape-touriste.

  (à suivre)

 

 

61 réflexions au sujet de « Un « cave » peut-il flinguer « Les Tontons flingueurs »? Albert Simonin, Georges Lautner, Michel Audiard, Clarence Weff et Cie (1)C’est du brutal ! »

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