(4) « Je poussais la porte de l’état civil d’un coup d’épaule »
Dans le troisième épisode de cette enquête j’ai examiné Un pedigree — cet ouvrage (paru en 2005) est le plus explicitement autobiographique de Patrick Modiano. Pour bien le lire, il était bon d’avoir encore en tête les ouvrages parcourus dans le deuxième épisode : Rue de boutiques obscures (son prix Goncourt de 1978), Villa triste (le premier roman de sa deuxième manière, de 1975) et Dora Bruder le livre de 1997 où il traite de front la tragédie de la Shoah qui, jusque-là était toujours présente dans ses récits, mais en arrière-plan. J’ai cherché à faire sentir que dans ces trois livres — deux romans et une enquête documentaire —, divers personnages, divers lieux, diverses situations avaient des origines autobiographiques : le héros de Villa triste, c’est sans doute le Patrick Modiano qui se souvient, qu’adolescent ou jeune adulte, il allait en pension (ou chez des amis) en Haute-Savoie, mais c’est également le père Alberto Modiano qui avait vécu la Seconde Guerre mondiale dans l’angoisse du persécuté recherché — angoisse que l’enfant Patrick avait également connue quand il se retrouvait loin de ses parents qui ne s’occupaient guère de lui. L’enquête diligentée dans ce feuilleton partait donc de la fiction (de la Littérature) pour aller vers la biographie (vers l’Histoire). J’admettais qu’Un pedigree était une autofiction qui pouvait servir de source historique pour décoder les romans. Cependant, je suggérais aussi que dans ce livre-mémoire, la part de travail artistique était si puissante que le matériau biographique était également au service d’un projet artistique — ce qui est d’ailleurs l’ambition des spécialistes de l’autofiction. Dans ce nouvel épisode, à l’aide de Livret de famille, je vais accentuer cette expérience de lecture qui part de la vie privée pour aller vers la création littéraire. Dans l’épisode suivant, il sera question de romans purs où la part autobiographique sera plus difficile à décoder.
Livret de Famille (1977) — « Du temps où j’avais encore un état civil »
Livret de famille suit immédiatement Villa triste qui a un statut de pur roman. Il est paru en 1977, soit 28 ans avant Un pedigree. Il se présente comme une suite de « Je me souviens » autobiographiques, chaque chapitre étant consacré à un épisode de la vie du narrateur, ou à une personne de sa famille, ou à un proche. On pourrait lire Livret de famille en se disant qu’il donne dans le désordre des informations autobiographiques qu’Un pedigree donnera plus tard dans l’ordre chronologique, de façon plus suivie, plus linéaire. En fait la chronologie d’Un pedigree n’est qu’apparemment linéaire et bien des flash-backs perturbent cet ordre apparent. C’était déjà ce désordre temporel qui était la règle première de Livret de famille — Je présente dans cet esprit ses trois premiers chapitres : le premier démarre avec la naissance de Zina (1974), la fille du narrateur, et il est question des services d’état civil d’une mairie ; le deuxième naît de la rencontre avec un ami de son père (« du temps où j’avais encore un état civil »), connu avant ses vingt ans (1954 ?) et il y est question de la Chine des années 30 ; le troisième est un bref souvenir sur sa grand-mère, et nous revenons encore aux années 30, mais à Paris.
Ce jeu temporel ne concerne pas que les décalages entre deux chapitres successifs. Le premier chapitre semble évoquer un souvenir presque contemporain (3 ans avant la parution du roman), mais la référence au « livret de famille » ramène le narrateur au mariage de ses parents (1944 ?), bientôt suivi d’un retour plus anodin à la veille (la naissance de sa fille), ensuite la rencontre d’un vieil ami de ses parents permet une plongée vers 1942, puis aux années 20 …
« … j’ai l’habitude d’écouter les gens, de partager leurs rêves et de les encourager dans leurs vastes projets. »
J’arrête ici cette énumération : sans effet avant-gardiste ostentatoire, Modiano pratique les allés et retours temporels avec la même virtuosité que l’écrivain qui a poussé ce genre de jeu à son paroxysme, William Faulkner — mais les discontinuités du Bruit et la fureur (un chef-d’œuvre du prix Nobel de 1949) nous perdent souvent, alors que Modiano pratique une fluidité qui nous donne l’impression qu’on sait où nous sommes. Ce n’est qu’une impression. En fait, il nous a entraînés dans les labyrinthes de sa géographie et de sa généalogie personnelles, et on aurait bien tort de croire qu’on sait exactement où l’on est !
En effet, lisons, et relisons, ce chapitre « I », récit d’un acte administratif banal, mais profondément symbolique, qui concerne un bébé, une petite fille destinée à être prénommée d’un prénom rare — venue d’une marraine ? ou du souvenir de lectures d’enfance ? Il s’agit de donner à un être humain une place stable dans la société. De subtiles difficultés naissent pourtant : surgi de nulle-part (non d’un lieu, mais d’un temps), arrive « Jean Koromidé », un ami de la jeunesse du père (Patrick ?) et surtout du grand-père (Alberto ?) — mais également ami de l’actrice Luisa Ferida (qui porte le même prénom que la mère de l’écrivain). Koromidé (un avatar du grand-père ?) doit servir de témoin. Le rendez-vous pris pour faire à deux la démarche auprès du service d’état-civil fait surgir mille difficultés : l’espace devient visqueux et le temps devient rugueux. La voiture de Jean Koromidé est une vieille guimbarde — c’est normal, comme dans Ubik (de Philip K. Dick), les machines à remonter le temps se délabrent ; la « vieille Régence (!) noire » ne prend pas la bonne direction, elle brûle un premier feu rouge (il y en aura d’autres), elle frôle l’accident et tombe en panne. Quand les deux hommes finissent par arriver à la mairie, il est (normalement) trop tard. Les jambes du vieux témoin faiblissent, l’accident cardiaque le menace. Les deux hommes doivent gravir un dernier escalier (passage secret ? boyau ? comme les accusés du Procès ?) — la porte du service de l’état civil doit être enfoncée d’un coup d’épaule !
Je cesse de raconter l’histoire, je ferai juste le portrait des employés : deux jumelles laconiques qui brassent mécaniquement leurs feuillets administratifs et un chef de service sévère et moustachu, mais qui a surtout envie d’être bienveillant et paternel. Une lectrice, Chantal Labre, a repéré une situation « kafkaïenne » — j’ai déjà fait des allusions implicites en ce sens, et je pousse la comparaison jusqu’au bout. Comme chez Kafka, la structure sociale oppressive se superpose à une structure psychologique très particulière qui est celle du mauvais rêve. Ce (pseudo ?) souvenir d’un acte inaugural est, en fait, un conte onirique et fantastique ayant une signification symbolique : c’est de ses mauvais rêves que le narrateur doit s’arracher pour parvenir à une vie vivable. L’élégance de l’écriture de Modiano refuse les effets spéciaux du fantastique numérique (truqué), friqué et gore du cinoche anglo-saxon ; il use d’innombrables suggestions comme on peut en rencontrer chez les conteurs des pays de l’Est. J’ai déjà cité Kafka, je vais citer un autre écrivain qui devrait être mieux connu chez nous : Bruno Schulz — dessinateur et écrivain, auteur des Boutiques de Cannelle et du Sanatorium aux croque-morts, polonais et juif, assassiné par la Gestapo en 1942, Prix Nocturne 1963. Schulz a laissé deux recueils de nouvelles où les souvenirs du village où vivait son père se désagrégeaient en bouffées délirantes.
« Cela provoquait toujours chez lui un fou rire qui m’étonnait »
J’ai esquissé une lecture du seul premier chapitre en tant que conte onirique et fantastique. Je pourrais analyser ainsi chaque chapitre de ce panorama autobiographique où je vois une magnifique aventure artistique. Apparemment, Modiano nous fait part de souvenirs, en fait il nous amène dans son intériorité psychique, avec un mélange qui lui est propre de rage feutrée, d’angoisse quelquefois exprimée et de poésie ironique. Pour ne pas commenter trop longuement Livret de famille, je vais me limiter à de simples orientations de lecture pour quelques chapitres que je vais lire en tant que… C’est donc en tant que conte grotesque que je propose de lire le chapitre « X », qui commence par évoquer la mort du « Gros » en associant cet événement à son goût pour les « lasagnes vertes »… ce qui ne semble pas très respectueux vis-à-vis d’un défunt. C’est sous le signe de la nourriture, pâtisseries ou sandwiches au saumon, que le narrateur évoque ses promenades à Rome,
« Il allait regarder par le trou de la serrure du portail de Malte, d’où l’on aperçoit la coupole de Saint-Pierre dans le lointain, et cela provoquait toujours chez lui un fou rire qui m’étonnait. »
et ses rencontres avec une attraction de music-hall, « Claude Chevreuse », ou avec de nombreux fantômes du passé, les exécutés Louis XVI ou Maximilien. Surtout, Le Gros était un témoin de l’histoire d’Alexandrie, cette ville mythique où sont passés certains ancêtres du romancier. Le Gros n’a-t-il pas proposé au narrateur de l’adopter et de l’anoblir ? afin de lui attribuer une généalogie et un statut social… Il y a un chapitre « IV » qui raconte la première carrière de Louisa Colpeyn en Belgique. Le père de l’auteur ressemblait à Clarke Gable, selon Jean Koromidé, et maintenant c’est sa mère qui est comparée à Vivien Leigh — les deux stars d’Autant en emporte le vent !
« Vous, vous n’avez pas de problèmes pour les frontières, a dit Felix Openfeld. Vous avez un passeport. »
On lit que que Louisa — engagée pour un vrai second rôle (pas de figurante, ou de girl) par une compagnie juive allemande réfugiée à Anvers (« Openfeld-Films ») — doit débuter le tournage juste le jour (10 mai 1940) où la Wehrmacht envahit la Belgique. Je n’ai pas réussi à retrouver la trace de cette maison de production… mais c’est une jolie histoire, pleine de significations, en particulier autour de ce mot-concept-illusion : neutralité — d’un pays ; dans les autres romans de Modiano, il ne concerne pas la Belgique, mais la Suisse, pays où meurt son père, justement en cette année 1977.
La chasse à courre
C’est encore en tant que conte, cette fois-ci onirique, que je suggère de lire le chapitre « V », cette histoire de chasse à courre — on se souvient que tel est le titre du récit que Maurice Sachs a rédigé en Allemagne (en 1943) pour raconter sa vie hallucinée de trafiquant de marché noir de luxe et bientôt multi-endetté dans un Paris occupé par les nazis et le régime de Pétain.
Le père entraîne le jeune narrateur (qui avait alors quinze ans) en Sologne et il cherche à faire signer un contrat par « Reynolde », le riche homme d’affaires qui organise des fêtes — on pratique l’équitation et ce « sport effrayant », la chasse à courre. Le père espère ainsi réussir l’opération à laquelle il rêve (et rêvera) depuis toujours… Le fils, pas si docile qu’il le paraît, est perpétuellement sujet à des nausées ou à de « curieuses somnolences » dans ce milieu d’aristocrates (ou d’aventuriers ?) chasseurs, amateurs de « curée aux flambeaux » — et menés par des pulsions qui ne sont pas toutes interprétables… Est-ce un souvenir réel ? Je ne le crois pas. Il s’agit, je le répète, d’un conte insolite qui peut être curieusement déchiffré.
Que signifie cette visite auprès de l’épouse du riche hôte que « le père » impose au « fils-narrateur » ? Ou la leçon d’équitation donnée par « un type que vous connaissez à peine et qui vous donne des ordres, le fouet à la main » ? Et dans quelle mare cette chasse à courre va-t-elle s’achever?
Que le lecteur soit attentif : c’est aussi fantastique et cruel qu’un roman de Stephen King, mais, évidemment, le ton est très différent ; je l’ai dit, on est plus près de Kafka ou de Bruno Schulz. Cette « Chasse à courre » est le très étonnant (et très perturbant) sommet d’un livre que je considère comme un des chefs-d’œuvre absolus du roman français du XXe siècle. Pour ne pas donner à cette enquête une longueur démesurée, je me contente maintenant de survoler plus rapidement quelques chapitres de ce livre, tous étonnants et inventifs, où un narrateur attentif et plein de bonnes volontés (mais également siège de pulsions violentes qu’« on n’attendrait pas chez un gentil garçon comme lui ») nous guide dans ses quartiers perdus — Ainsi le chapitre « VII » propose une morale philosophique dans le cadre d’un conte burlesque (ce qui ne correspond guère à l’idée toute faite que certains ont de l’art de Modiano !) qui se moque des producteurs de films de série B — Le chapitre « IX » est un roman d’espionnage où l’on retrouve le thème de la « neutralité », en Suisse cette fois (avec un peu de l’Égypte, d’Alexandrie et de l’ex-roi Farouk par dessous) : à la radio de Genève, le narrateur reconnaît la voix (et plus tard, le parfum) de « Robert Gerbauld » (est-ce l’anagramme d’un journaliste musicologue collaborationniste ?) ; c’est la voix de « D » (qui est-ce donc ? ), ancien gestapiste antisémite, lié à l’histoire du panier à salade dont j’ai déjà parlé, et qui a fui Paris… avant la naissance du narrateur, qui n’a donc jamais pu entendre sa voix (ni respirer son parfum) ! — Le chapitre « XI » est une comédie sur un des thèmes fétiches de Modiano : le retour aux racines, mais un «vrai français » a pu faire la guerre d’Indochine et les « racines » ne sont pas toujours celles que l’on croit… — Qui est ce « Harry Dressel » du chapitre « XII » ? cet (authentique !) artiste de music-hall hollandais, chanteur fantaisiste qui avait à son répertoire la version flamande — on a reconnu la langue de la mère et des grands parents qui ont élevé l’enfant Patrick — de « Ploum, Ploum, tralala », …
… fantôme disparu (?) dans l’Égypte du roi Farouk. Il est si oublié que pour lui donner une biographie solide, le narrateur-écrivain débutant (et amoureux de sa fille dont « je ne comprenais pas pourquoi elle avait tant d’argent ») est amené à s’inspirer de ses devanciers (Dickens, Francis Carco, …) afin d’être formé dans l’art d’imaginer (de rêver) les mille et une vies (presque) imaginaires (tout est dans ce : presque) de ces personnes réelles — D’autres chapitres, comme le « XIII », sont plus purement romanesques et nostalgiques : « J’allais me marier avec la femme que j’aimais et j’étais enfin de retour dans cet Orient que nous n’aurions jamais dû quitter. »
Une histoire d’amour chez une Juive allemande clandestine et une Allemande mariée à un Anglais emprisonné par l’occupant
Dans le chapitre « XIV », le narrateur-enquêteur retourne chez lui, « Quai Conti », pour reconstruire une histoire de la vie de ses parents pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ne sais pas y distinguer ce qui est à peu près « vrai » et ce qui est « rêvé » à partir de la lecture des carnets de sa mère lus avec avidité pendant son adolescence :
« Ainsi, un jour de l’automne 1942, elle avait noté : « Chez Toddie Werner — rue Scheffer. » C’est là qu’elle a rencontré mon père pour la première fois. Une amie l’avait entraînée dans cet appartement de la rue Scheffer qu’habitaient deux jeunes femmes : Toddie Werner, une juive allemande qui vivait sous une fausse identité et son amie, une certaine Liselotte, une Allemande, mariée à un Anglais qu’elle essayait de faire libérer du camp de Saint-Denis. Ce soir-là, une dizaine de personnes étaient réunies rue Scheffer. On bavardait, on écoutait des disques et les rideaux tirés de la Défense passive rendaient l’atmosphère plus intime. Ma mère et mon père parlaient ensemble. Tous ceux qui étaient là, avec eux, et qui auraient témoigné de leur première rencontre et de cette soirée, ont disparu. »
Le paragraphe suivant est tout aussi saturé d’éléments romanesques, je laisse le lecteur aller voir par lui-même comment le narrateur insère une histoire d’amour dans le contexte dramatique de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi une voiture y est tout à la fois un oasis protecteur sous le signe de la « neutralité » (encore elle !), et le futur théâtre d’une tragédie.
C’est à dessein que j’ai insisté sur les mots : histoire d’amour, expression que les commentateurs de Modiano emploient rarement — jusqu’à présent je crois ne pas l’avoir employée moi-même. Or l’amour est un thème constant dans les romans de Modiano. Ses héros-narrateurs, toujours angoissés, trouvent un refuge, parfois éphémère, dans un amour pour une femme, souvent plus âgée qu’eux (attention ! je parle des personnages des romans, pas de leur auteur…) — l’amour comme protection contre les menaces extérieures. Dans l’extrait que je viens de citer, la nécessité de la défense passive exigeait que les fenêtres soient bouchées la nuit par d’épais rideaux — il fallait éviter que des lumières attirent des tirs ou des bombardements. Les rapides lignes de Modiano nous montrent que cette nécessité allait créer des conditions d’intimité propices à la naissance d’histoires d’amour dans un monde apparemment très défavorable. La beauté — le futur père, après avoir été un Clark Gable, est maintenant comparé à l’« aviateur Howard Hughes », et on a déjà vu la future mère comparée à l’héroïne d’Autant en emporte le vent —, la jeunesse et l’amour vont donner à ces jeunes gens menacés l’énergie nécessaire pour affronter un monde hostile soumis à la Gestapo et surveillé par les inspecteurs du 8 de la rue Greffhules.
Que l’on observe cette étonnante petite communauté assiégée que le romancier arrive à nous présenter en si peu de mots : une jeune Juive allemande sans papier (donc doublement menacée) — une allemande (prénommée Liselotte, on ne fait pas plus allemand !) mariée à un Anglais emprisonné par l’occupant au Frontstalag 111 de Drancy — un couple improbable formé par une actrice belge travaillant pour une société allemande et un Juif clandestin — et des amis prêts à leur rendre service. Tout cela donne à ce récit l’insolite aspect d’une « histoire extraordinaire » qui surgit des antiques placards qu’ouvre l’enquêteur dans l’appartement de ses parents, longtemps après l’abandon du domicile familial.
Très logiquement, le dernier chapitre (« XV ») boucle le livre : on retrouve la petite fille-bébé du premier chapitre : elle n’a pas encore de mémoire, mais elle succédera à ce père-narrateur qui raconte ce qu’il a vu — mais aussi ce qu’il n’a pas vécu, et qu’il a dû rêver pour remplacer « Tous ceux qui étaient là, avec eux, et qui auraient témoigné » et qui « ont disparu ». Personnellement, je regrette que l’écrivain Patrick Modiano, parfois co-scénariste, n’ait pas rencontré François Truffaut. Le cinéaste avait avec sa mère des relations qui ne sont pas sans ressemblances avec celles qu’a connues l’écrivain avec la sienne. Né en 1932, Truffaut avait des souvenirs très précis du temps de l’Occupation. La confrontation entre les souvenirs d’enfance de Truffaut et les souvenirs rêvés de Modiano avait tout pour être passionnante.
« Alberto Modiano se cachait dans un manège du Bois de Boulogne dont l’écuyer était l’un de ses amis d’enfance. »
Dans Le Dernier Métro (1980), un metteur en scène (Juif allemand), menacé, caché, est protégé par le théâtre (l’art) et sa femme (l’amour) — « Marion Steiner » (Catherine Deneuve), et « Lucas Steiner » (Heinz Bennent) qui se cache dans la cave de son théâtre :
J’ai mis l’accent sur le ton — fantastique et onirique, ou burlesque et satirique, ou romanesque et nostalgique — des récits de Livret de famille pour montrer que Modiano part de ses souvenirs (réels ou empruntés)…
« Je n’avais que vingt ans, mais ma mémoire précédait ma naissance »
… pour écrire des textes purement littéraires où il met en contact son propre imaginaire avec celui de son lecteur, si celui-ci est sensible à certaines harmoniques. C’est, je crois, le rôle de l’œuvre authentique : un outil artistique, maîtrisé et inventif, transmet une expérience existentielle. L’expérience profonde (initialement incommunicable) d’un individu particulier aboutit à une vie universelle qui peut toucher tous les lecteurs.
► à suivre ► retour à l’épisode précédent ► retour au premier épisode
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