L’or découvert au Minas Gerais est à l’origine d’un essor économique très important, aussi bien pour le Portugal que pour le Brésil. Nos deux premiers articles sur le sujet, Un Brésil en Or et L’âge d’or dans les Mines, en donnent quelques éclairages.
C’est le moment de fournir certains détails supplémentaires sur la face la plus noire de cet or, que le nom Ouro Preto semble a posteriori suggérer…
Le XVIIIe siècle est marqué par des événements cruciaux dans l’Histoire de l’homme.
La Révolution américaine, en 1776, et la Révolution française, en 1789, ne laissent pas indifférents les cercles intellectuels brésiliens.
À Minas Gerais en particulier, on commence à remettre en cause la domination de la monarchie portugaise de droit divin.
Il faut dire que la pression fiscale dans cette région minière est lourde. Les formes de collecte du quinto, cet impôt qui stipulait qu’un cinquième de l’or retrouvé devait revenir au fisc, finissent par provoquer des soulèvements chez les contribuables. Les chefs de ces rébellions sont sévèrement réprimés. Les variations ultérieures dans le recouvrement de ce quinto ne sont guère appréciées. Citons en particulier la derrama, une capitation extraordinaire qui devrait être payée par tous les habitants de la capitainerie, lorsque la contribution fiscale au poids forfaitaire de 100 arrobas (environ 1500 Kg) d’or pour l’ensemble de la capitainerie n’était pas honorée. Après 1760, avec l’épuisement progressif des mines et la contrebande favorisée par les convoitises étrangères, la capitainerie peine à verser les sommes convenues. Les habitants sont de plus en plus harcelés par les notaires miniers chargés de percevoir les impôts… et de récupérer les arriérés dus à la Couronne portugaise.
C’est ainsi que prend forme la plus célèbre conjuration de Minas Gerais, considérée par l’historiographie officielle brésilienne comme repère fondateur de la nationalité. Dénoncée aux autorités, elle est désamorcée pendant la semaine sainte de 1789. Il s’agit de l’ « Inconfidência Mineira », le mot « inconfidência » signifiant trahison sacrilège à la foi due au souverain. L’historienne Armelle Anders souligne l’ampleur controversée de cette rébellion : « Aujourd’hui encore, on débat pour savoir si la conspiration visait la satisfaction des intérêts matériels immédiats d’une poignée d’oligarques corrompus ou si elle exprimait un projet politique plus noble et plus ambitieux. »
En effet, parmi les conjurés, figuraient des idéologues tels que Cláudio Manuel da Costa, ancien étudiant de l’université de Coimbra (Portugal) et avocat soupçonné d’enrichissement illicite, le magistrat et poète Tomás Antônio Gonzaga, auteur des poèmes Marília de Dirceu, ou encore le chanoine Luís Vieira da Silva.
Ouro Preto © clichés Filomena Iooss
Ils étaient soutenus par quelques financiers mécontents, prêts à s’engager dans cette révolte afin d’échapper à la pression du fisc. Enfin, de ce groupe d’« inconfidentes » faisaient également partie des militants révolutionnaires, à qui étaient confiées les opérations militaires du futur coup d’État. Parmi ces derniers, figurait le sous-lieutenant Joaquim José da Silva Xavier, surnommé Tiradentes (« l’arracheur de dents »), en raison de ses talents de dentiste. Il s’était tout particulièrement investi dans la propagande en faveur du complot auprès de la population.
Les objectifs majeurs de ces conspirateurs étaient d’assassiner le Gouverneur portugais de Villa Rica (l’actuelle Ouro Preto) et de proclamer l’indépendance du Minas Gerais. Il était aussi question de l’affranchissement des esclaves créoles et des mulâtres (sans que l’abolition de l’esclavage en général ne soit pourtant envisagée), ainsi que du remplacement de l’armée permanente par une milice de citoyens. Il était prévu que les curés perçoivent une dîme, seulement à condition qu’ils assurent les services d’éducation et d’assistance à la population. Le parlement de leur république du Minas devrait siéger à São João del Rey.
Dénoncée aux autorités par l’un des éléments du groupe, la conjuration échoue avant même que le coup d’État n’ait lieu. Après trois ans de procès, 24 accusés sont condamnés pour crime de lèse-majesté.
La plupart d’entre eux est déportée en Angola et au Mozambique. Seul le sous-lieutenant Tiradentes, considéré comme principal meneur de ce complot, subit un châtiment exemplaire : le 21 avril 1792, il est pendu, puis décapité et démembré. Sa tête et ses membres sont exposés sur la place d’Ouro Preto qui porte actuellement son nom, ainsi que sur la route d’accès au Minas, connue de nos jours comme « Trilha dos Inconfidentes » …
© clichés Filomena Iooss
Ce sort tragique transforme le modeste sous-lieutenant en héros national et en martyr pour la liberté.
Le Romanceiro da Inconfidência, écrit et publié à Rio en 1953 par la célèbre poète brésilienne Cecília Meireles, contribue à consolider ce mythe identitaire. La devise « LIBERDADE AINDA QUE TARDE » (« LIBERTÉ MÊME TARDIVE »), qui aurait été celle des conjurés de l’Inconfidência, y est reprise en majuscules, comme pour mieux accentuer sa grandeur symbolique dans l’imaginaire populaire. Les secrets des portes closes ne vont pas toutefois sans suggérer à la poète de multiples questionnements…
La loi n° 4 897 du 9 décembre 1965, promulguée donc dans les débuts de la dictature militaire (1964-1985), stipule la présence obligatoire de l’effigie du « martyr » Tiradentes, « patron civique » de la nation, dans tous les locaux officiels. Les longs cheveux et le visage barbu des sculptures le représentant a été imposé dans le sens d’un rapprochement avec l’image du Christ. Ce portrait est bien sûr peu crédible, si l’on tient compte des fonctions de Tiradentes dans l’armée… Au nom de la liberté d’inspiration des artistes, le décret imposant cette représentation de Tiradentes est abrogé en 1976.
Le nom de ce héros national a également été donné à sa ville natale, près de São João del Rei. Dans cette petite ville coloniale, aussi bien les maisons que les dalles des chemins sont magnifiquement préservées. On peut y admirer l’une des plus belles cathédrales de tout le Brésil.
Dans la douceur et la beauté de ces lieux, l’humour semble avoir vaincu les affres de l’Histoire…
Tiradentes © clichés Filomena Iooss
Saudades à mon ami peintre Oscar Araripe qui habite Tiradentes… et qui m’a gentiment ouvert les portes de son bel atelier… !
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