Ai ai ! Ai ai Saudade…*

 

Qu’elle fut longue, cette trêve internationale! Quatre mois après avoir dominé l’Autriche, la Seleção rechausse les crampons sur la pelouse du Stade de France, pour son premier match de l’année 2015. France-Brésil. Un de plus, mais jamais un de trop. Que ce soit pendant la Coupe des Confédérations, en amical ou en phase finale de Coupe du Monde, cette affiche de prestige, un peu « vintage », nous rappelle aux bons souvenirs des Sócrates, Platini, Zico, Zidane, Ronaldo ou Henry. L’opposition de style est réelle, mais les artistes sont toujours de sortie, de chaque côté.

 

Même si cette opposition amicale fleure bon la nostalgie – Ai ai ! Ai ai Saudade ! Não venha me matar* – les stars du moment auront à cœur de continuer à en écrire sa légende. Parmi les plus courtisés des jeunes (et moins jeunes) collectionneurs de cartes Panini, Neymar et Paul Pogba sont, chacun dans leur style, les porte-drapeaux de deux sélections qui ne sont pourtant pas si différentes l’une de l’autre. Entre les Auriverdes qui se remettent doucement de l’organisation de la Copa do Mundo 2014 et les Bleus qui préparent tranquillement l’Euro 2016 à domicile, l’envie de bien faire, de proposer un jeu attractif et de revenir aux premiers rangs de l’échiquier mondial sont des objectifs communs. Dunga et Deschamps, alter egos (déjà lors de leurs carrières de joueurs), s’y emploient ardemment. Même si la Seleção a fini à la 4ème place du dernier Mondial, alors que la France était stoppée en quart de finale, la pression (et l’urgence) reste tout de même plus du côté du sélectionneur brésilien. Car si la bande à Deschamps a déjà réussi à reconquérir le cœur des supporters (il était temps), l’équipe aux 5 étoiles doit confirmer sa bonne forme affichée fin 2014 et préparer au mieux la Copa America, qu’il serait de bon ton de gagner en juin prochain au Chili. L’opération (re)séduction passe par là.

 

Les joueurs brésiliens ont donc de quoi être motivés et il se murmure sur la Globo que Dunga, à la manière de « Eye of the Tiger » dans Rocky, diffuserait « Guerreiro » du chanteur Curumin dans les vestiaires avant les matches, tout droit sorti de sa chaîne hi-fi. « Take it easy my brother [Dunga] », lui aurait assené Gilberto Gil, argumentant guitare sous le bras que les brésiliens ne veulent pas des soldats, mais des magiciens. Et qu’aucun joueur adverse n’a de crête comme Mister T (oh, wait…). Convaincus et pour prouver leur pleine implication, les cracks de la Seleção entonneraient un passage de « Mistério Stereo » du même Curumin, dans l’espoir que le peuple brésilien – exigeant mais romantique – l’entende: « Se eu pudesse / Ah se você percebesse / Que eu faço de tudo pra te encantar…« .

En musique comme au foot, tout est histoire de rythme. Et seuls les grands artistes savent donner le tempo. Pour en devenir un, Neymar devrait sans doute arrêter de fréquenter Michel Teló.

 

*Extraits de « Preta Pretinha », d’ Os Novos Baianos. A écouter sans modération.

 

 

Finale de la Coupe du Monde 1998. Un temps où les coupes en brosse avaient plus la mode que les crêtes.

 

 

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