Échos du Brésil : Quand les partis politiques ne représentent plus le peuple…

 

Les mouvements sociaux actuels au Brésil méritent évidemment notre attention.

 

Notre association franco-brésilienne Brasil Azur a comme but le partage culturel entre les deux pays, et a toujours affiché son indépendance politique.

Cela nous autorise toutefois à aborder, parfois de façon approfondie, des moments cruciaux de l’Histoire socio-politique du Brésil (comme celui de la dictature militaire 1964-1985), ou à respecter le devoir de mémoire concernant les drames de l’Histoire (comme celui de la Seconde Guerre mondiale et du parcours tragique d’Olga Benario, femme de Luís Carlos Prestes).

 

Ce qui se passe actuellement dans ce pays ami ne peut pas être l’objet, de notre part, d’une analyse détaillée. Nous n’avons ni les éléments jugés suffisants ni la compétence pour le faire. Nous avons exprimé un premier avis sur ce site, aux débuts de la fronde sociale de juin 2013. Nous avons également participé à une manifestation de solidarité avec cette partie du peuple brésilien dont la souffrance était bien visible.

 

Dilma Rousseff a été réélue de justesse en octobre dernier. Nous avons exprimé à ce moment-là notre souhait que l’une de ses priorités pour son nouveau mandat soit celui de la diminution de la corruption.

Six mois après, nous constatons que le Brésil s’y noie.

 

Aussi bien les dépositions des deux principaux délateurs de l’affaire Petrobas que les enregistrements divulgués récemment incriminent gravement de nombreux responsables politiques de tous bords. Des scandales liés à des dessous de table faramineux et à de fausses factures éclatent plusieurs fois par jour dans les médias… alors que les secteurs prioritaires comme la santé et l’éducation restent dramatiquement délaissés… et que les écarts sociaux continuent de se creuser de façon abyssale…

Réduction des investissements privés et publics, dépréciation monétaire et capitaux étrangers favorisant davantage la prédation que la capacité productive du pays… voilà un scénario qui semble paralyser le gouvernement en place… pendant que la population crie sa colère envers les politiciens, quels qu’ils soient. Le fondamentalisme religieux semble profiter de cette situation de vulnérabilité pour prendre le dessus sur les arguments juridiques dans les discours de certains députés. Citons, entre autres, le projet de faire voter une loi condamnant jusqu’à 20 ans de prison les médecins ayant aidé une femme à avorter… ou de faire voter le « Statut de Famille », qui redéfinirait le « noyau familial » afin d’en exclure les couples homosexuels… (Luiz Ruffato, « Mas que Deus é esse ? »)

Quant aux peuplades indigènes, des centaines de représentants ont envahi ce mois-ci le Parlement à Brasilia, dans l’espoir de lutter contre un projet d’amendement à la Constitution qui, en limitant leurs droits, décrèterait, selon eux, leur disparition…

 

Nous laissons les considérations politiques et économiques approfondies aux personnes compétentes dans ces domaines, conscients que la situation est bien trop délicate pour que quelqu’un puisse s’en estimer le maître.

 

Nous souhaitons en revanche relayer le témoignage d’un citoyen pauliste qui nous a fait confiance. Il exprime le désarroi ressenti en cette période par une grande partie de la population brésilienne.

Façon, pour nous, de leur montrer notre solidarité, du fond du cœur.

Façon, pour nous, de faire entendre notre espérance dans la force d’un courage repris à deux mains.

 

Filomena Iooss

 

 

Témoignage de Nicolas De Nadai

 

J’ai habité toute ma vie à São Paulo. Je sens économiquement et culturellement les changements liés aux mauvaises actions politiques d’aujourd’hui.

Moi, je déteste la politique brésilienne. À mon avis, elle est pleine de corruption. Chaque jour, dans les journaux quotidiens et à la télé, il y a au moins une dizaine de nouvelles qui abordent ce sujet. « Ce sujet » veut dire des millions de Reais (monnaie brésilienne). Chaque mois, l’argent est détourné principalement des écoles et des hôpitaux populaires vers les poches des corrompus.

 

La vie politique est très simple. D’une façon générale, la personne qui essaye d’être élue fait des accords cachés avec de grandes sociétés afin d’avoir l’argent suffisant pour faire de la propagande politique. La partie de la population la plus pauvre (qui est la plus nombreuse) est facilement ‘achetée’ grâce à des programmes gouvernementaux privilégiant la nourriture, la santé et l’éducation primaire. Quand ces politiciens sont élus, leurs promesses sont rapidement oubliées, car ils doivent surtout satisfaire les besoins des grandes entreprises qui les ont financés.

 

L’année 2013 était le début d’une période d’inflation monétaire qui est maintenant arrivée à son apogée. La perte du pouvoir d’achat des ménages ne fait que s’empirer. L’élément déclencheur de ce mouvement de protestation a été l’augmentation du prix des billets d’autobus, qui a entraîné une série de plaintes populaires. Comme aujourd’hui l’Internet fait partie de notre vie quotidienne, on a commencé à discuter et à maudire les politiciens, principalement sur facebook. Pour la première fois des centaines d’événements y ont été créés, témoignant de l’indignation du peuple. Il arrivait que chacun de nous reçoive des demandes de nos « amis » multiples à participer au même événement. De nombreuses petites manifestations ont eu lieu. Il y a quelques jours, j’ai décidé de participer à l’une d’entre elles. Car moi aussi, j’étais en colère contre ces politiciens. J’ai donc pris mon drapeau brésilien et, à 17h00, suis allé à Largo da Batata dans le quartier Pinheiros.

 

Quand j’y suis arrivé, je ne croyais pas mes yeux : le nombre de manifestants était très important ! Le lendemain, la télé et les journaux parlaient de plus de 300.000 personnes. C’était fantastique ! Au cours de cette manifestation nous avons crié des slogans (petites phrases contre l’inflation monétaire, contre l’augmentation du prix des billets d’autobus, contre les politiciens et principalement contre la corruption) et chanté plusieurs fois l’hymne national.

Pendant la marche, quelques personnes portaient des drapeaux de partis politiques. Mais notre indignation contre les politiciens, tous bords confondus, était telle, que tous ces drapeaux ont été mis de côté. C’était la réaction de ceux qui se rendaient enfin compte que les partis politiques ne servaient plus le peuple, mais seulement leurs propres intérêts.

 

 

À mon avis, cela a été le plus important message transmis aux politiciens. Nous, les manifestants, nous avons voulu leur dire que nous ne sommes plus étrangers à la politique économique brésilienne. Dorénavant, l’action d’un politicien sera ouverte à la critique, elle sera critiquée chaque fois que nous l’estimerons nécessaire.

 

Malheureusement, les effets des manifestations sont lents… et nous devons continuer à faire face aux politiques corrompus.

 

(texte original écrit en français par ce citoyen brésilien)

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos Nicolas De Nadai

 

 

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